We might as well be strangers (r)

Assis à son bureau, Malo passait un coup de fil important lorsqu'il vit passer une de ses collègues les larmes aux yeux. Sceptique car c'était l'une de ses connaissances, il termina son appel et se rendit auprès de la concernée. Autour d'elle, déjà une foule de personnes tentait de la consoler. Apparemment, le châtiment suprême l'avait touchée. Ce que les employés de la société de Malo appelaient le châtiment suprême était en fait le licenciement. En effet, cela faisait déjà plusieurs jours que planaient des horribles rumeurs et ces prédictions semblaient s'accomplir. S'il n'était pas du tout nerveux au départ, voir ses collègues partir un à un commençait sérieusement à faire trembler son coeur. Tout le monde commençait petit à petit à travailler plus, faire des heures supplémentaires et très certainement, faire des alliances. Déjà plusieurs fois on lui avait proposé des plans salaces pour faire couleur des confrères et jamais Malo n'avait été tenté par ce genre d'action. Seulement, il craignait sérieusement en être la victime. Regardant la demoiselle pleurer et faire une scène mélodramatique digne des scènes de Broadway, Malo quitta la pièce en laissant échapper un long soupire. Il n'allait pas du tout la regretter, elle ne faisait que crier et raconter sa vie (faut dire qu'elle aimait par dessous tout la raconter à Malo - qu'elle prenait pour son confident à son plus grand désarroi - qui priait le bon Dieu pour qu'elle se taise) toute la journée. Alors qu'il se remit au travail, un appel de sa soeur, Moses. Tous les deux avaient toujours été proches mais ces temps-ci, trop pris par le travail, ils ne se voyaient plus vraiment. Voilà pourquoi hier soir ils se donnèrent rendez-vous au Paris Café à la pause de 14h de Malo. Au téléphone, elle lui rappela de passer acheter ses cupcakes préférés, il broncha un peu mais se mit alors en route. L'avantage était que le dit Café n'était qu'à dix minutes en voiture du bureau de Malo mais l'inconvénient était que la pâtisserie préférée de Moses était à 20. Il avait donc fait un détour d'une demi-heure et espérait qu'elle ne soit pas en retard puisque c'était chez elle, une sale habitude. Heureusement, lorsqu'il fut enfin arrivé sur place, c'est la longue chevelure brune de sa soeur qu'il reconnut au loin, assise seule à une table. Il s'installa immédiatement en face d'elle et lui mis la boite de cupcakes sous le nez. « J'espère que tu vas me les rembourser, hin » dit-il sur un ton solennelle. Lorsqu'il remarqua les bagues sur les mains de la brunette, il reprit avec un sourire « Tu ne m'avais pas dit que tu détestais les bagues? Décidément .. » et se commanda alors un café, sous l'oeil de sa soeur.  

Perdue dans ses pensées, Tris marchait dans ces rues de Milwaukee qui lui étaient complètement inconnues mais bizarrement, pendant l'espace de quelques secondes, elle se sentait chez elle. Le vide qu'elle sentait à l'intérieur d'elle depuis des années se comblait enfin, rien qu'en regardant les gens marcher dans la rue, elle savait qu'elle avait atterrit à la bonne place et qu'elle était enfin à la maison. Si habituellement la brunette passait ses journées à tourner en rond chez elle, aujourd'hui elle avait décidé de changer cette routine qu'elle menait depuis plus d'un mois. Elle était venue ici pour vivre, il était temps qu'elle mette cette résolution en pratique. La jeune fille marchait sans pour autant savoir où elle allait finir. Toutes les rues se ressemblaient, les gens lui souriaient sur son passage comme s'ils la connaissaient et pourtant elle, elle se contentait de baisser la tête. Le bonheur avait quitté son quotidien le jour où sa mère avait décidé de détruire sa vie en lui annonçant une nouvelle brisante et bouleversante. Des mois c'étaient écoulés depuis cette conversation mais tous les jours, la brunette revivait ce moment. Le moment où son coeur lui a été brutalement arraché, piétiné et brûlé. Aylee c'était montrée présente, comme à son habitude, cette dernière agissait avec Tris comme si elle était sa petite soeur qu'elle devait à tout prix protéger et bien que la brunette clamait n'avoir nullement besoin d'être protégée et qu'elle savait parfaitement se débrouiller toute seule dans le fond, être protégée et se sentir aimée était tout ce dont la brunette avait besoin. Ce sera un Cappuccino s'il vous plait. Bien que ses pensées l'avaient emporté loin, sa trajectoire c'était arrêtée devant le Paris café. Un endroit calme, pas trop loin de chez elle. Un endroit où, bizarrement, elle se sentait en sécurité, à l'abri des regards curieux. Surprise par le message d'Aylee qui semblait drôlement inquiète en voyant que sa meilleure amie n'était pas à la maison, la brunette chercha à la rassurer en lui envoyant un message en retour. Complètement déconnectée de toutes ces nouvelles technologies, lui écrire " je vais bien, ne t'en fais pas " lui prit plus de cinq minutes. Le calme de cet endroit l'inspirait, pour de nombreuses raisons et surtout, pour aucune en particulier. C'est alors qu'à sa plus grande surprise, un jeune homme aux allures très charmeuses prit place devant elle, à sa table. J'espère que tu vas me les rembourser, hin. Il semblait être particulièrement décontracté pour quelqu'un qui abordait une étrangère. Très gênée par l'attitude du jeune homme, Tris regardait à gauche et à droite mais personne semblait prêter grande attention aux événements de cette table. Comme si tout se passait normalement, comme s'ils se connaissaient. Je.. oui .. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Tout ça devait une blague histoire d'accueillir les nouveaux arrivants ou bien .. Tu ne m'avais pas dit que tu détestais les bagues? Décidément .. Son regard se baissait alors sur ses mains, elle fixait toutes les bagues qu'elle portait. En effet, les bijoux étaient en quelques sorte le pêché mignon de la jeune fille cependant, elle ne comprenait pas pourquoi ne jeune homme lui faisait un telle réflexion à moins que ... Non, ce n'était pas possible. Je suppose que j'aime les bagues maintenant. Un sourire particulièrement mal à l'aise prit alors place sur son visage particulièrement doux, que devait-elle faire ? Et les cupcakes ? Pourquoi .. Bien qu'elle semblait être complètement perdue, Tris ne pouvait s'empêcher d'admirer la beauté flagrante du jeune homme qui se trouvait juste en face d'elle, c'était assez déstabilisant.

Lorsque la serveuse repartit, il déposa ses yeux sur sa soeur cadette qui elle, semblait complètement.. perdue. Son regard semblait chercher une réponse et Malo ignorait à quelle question. Il ne se tarda pas plus longtemps sur la chose, pensa juste que ça pouvait arriver à tout le monde d'être tête en l'air et soupçonna même que la brunette songeait à sa vie amoureuse ou un sujet de fille du genre. Ce qui était drôle, c'était que depuis toujours, Moses savait constamment ce que Malo pensait mais jamais il n'avait su lire dans les pensées de sa petite soeur. Elle gardait constamment un côté mystérieux, secret, surtout sur sa vie personnelle mais c'était une chose qu'il respectait par dessus tout. En effet, adolescent, ses parents ne cessaient de s’immiscer dans sa vie que ce soit scolaire ou sentimentale. Depuis lors, il avait appris à s'occuper de ses affaires et pas celles des autres si ils ne voulaient pas lui en parler. « Je.. oui .. » répondit-elle sur un ton hésitant. Il se redressa un peu, étonné. D'habitude, elle saute toujours de joie devant ces pâtisseries et fait toute une scène en ventant les mérites de ces cupcakes bien crémeux. De plus, elle affirmait qu'elle aimait les bagues à présent alors que depuis toujours, elle criait ne pas supporter avoir quelques choses autour des doigts. Il jeta à nouveau un regard sur les nouveaux bijoux fantaisistes et s'étonna du style que Moses avait décidé d'adopter. « Elles sont un peu immondes quand même »   fit-il remarquer sur un ton taquin, un sourire malicieux aux lèvres. Bien entendu, ils n'étaient aussi moches qu'il ne le laissait croire mais c'était toujours drôle de lancer quelques piques à sa soeur de temps en temps. Il y avait quelque chose de différent chez elle aujourd'hui mais il ne parvenait pas à savoir quoi exactement. Il fut rappelé à l'ordre par la serveuse qui lui apporta son café, il en but une gorgée avant de reprendre son analyse. Tout en rajoutant le lait et le sucre dans sa boisson, il se permet aussi de prendre le paquet de sucre de Moses puisqu'elle ne semblait pas l'utiliser. Il mélangea le tout à l'aide de la cuillère et ne lâcha pas du regard sa soeur. « Et les cupcakes ? Pourquoi .. » demanda-t-elle de plus belle. Surpris, il ne comprit pas du tout de suite la question de sa cadette. Pourquoi quoi? il médita un moment et finit par répondre. « Tu m'as littéralement harcelé tantôt pour que je te les achète... » un long silence suivit. Soit elle avait perdu la mémoire ou soit c'est lui qui perdait complètement sa tête. Il était sur et même certain qu'il avait bel et bien répondu à l'appel de Moses à son bureau et qu'elle lui avait pompeusement demandé de passer par la boutique de cupcakes. "Je veux ceux avec le glaçage vert!" avait-elle même dit. « Est-ce qu'un gars t'as fait du mal? Dis moi qui c'est, je vais lui faire comprendre! » Se révolta-t-il d'un coup. Ben oui, si elle était comme ça, c'était surement parce qu'elle venait de vivre un moment tragique, il en était persuadé, il avait déjà observé le phénomène chez Moira...

Sacramento lui manquait, toutes ces rues qui lui étaient familières, hantées par une tonne de souvenirs. Des souvenirs qu'autrefois, elle les qualifiait comme non importants et aujourd'hui, assise à cette table, tout lui semblait important. Le moindre petit détail, le moindre klaxon de voiture. Il était normal pour la jeune fille de se laisser emporter par ses pensées, de se perdre dans tout ce brouillard qui hantait sa tête. Pourquoi avait-elle décidé de sortir aujourd'hui ? Pourquoi son esprit l'avait poussé à franchir la porte de son appartement, de quitter ces lieux qui lui apportaient tant de sécurité. Face à Malo, elle ne savait pas comment agir. Etait-elle censée connaitre ce jeune homme ? Avait-elle oublié, parmi tous ses souvenirs, l'un d'eux qui le concernait ? Non. C'était autre chose, une histoire bien plus complexe qu'elle ne le pensait, mais comment allait-elle faire pour la comprendre ou pour agir de façon correcte sans pour autant se mettre dans le pétrin ? Des questions et encore des questions. Des questions sans réponse ou même des questions qu'elle ne savait pas comment les achever. Tris voulait partir, elle voulait trouver à l'intérieur d'elle même le courage de se lever et de tourner le dos à Malo. Cette personne qu'il pensait connaitre, ce n'était pas Tris. Elle n'aimait pas les cupcakes et adorait les bagues. Elles sont un peu immondes quand même. Surprise par cette affirmation, Tris laissa échapper un léger sourire. Ayant grandit dans un milieu rempli de mensonges, un peu de sincérité avait tendance à la surprendre. Ce qui est beau à tes yeux ne l'est pas forcément aux yeux des autres. Elle faisait surtout allusion au pull que Malo portait. La situation commençait a être plus détendue malgré le fait que Tris c'était mise dans un pétrin immense en se laissant emporter par ce "jeu". Peut-être que dans le fond, tout ceci était un rêve et elle le vivait éveillée. Malo n'était probablement pas réel, c'était une illusion, un de ces tours que son esprit aimait bien lui jouer de temps à autres. La main de brunette frôlait alors celle de Malo, elle avait eu sa confirmation. Il était réel. Est-ce qu'un gars t'as fait du mal? Dis moi qui c'est, je vais lui faire comprendre! Si le jeune homme lui parlait si ouvertement du sujet "garçons" c'est que Tris, ou du moins, sa supposée amie, n'était en rien sa petite amie ce qui lui enlevait un certain poids des épaules mais rajoutait une pointe de déception. Avoir un petit copain avec le physique de Malo n'était en rien dérangeant. Je suis juste très fatiguée. J'ai passé une journée assez .. perturbante. Jouer la carte de la fatigue, était quelque un sujet qui, habituellement, marchait assez bien. Sa journée n'avait été en rien perturbante, jusqu'au moment où ce dernier était venu s'assoir à sa table. En une espace de quelques secondes, ça journée avait passé de tranquille à drôlement mouvementée et compliquée. Tu vas bien sinon ? .. Cette question était suivie par un long silence. Un silence qui avait alors laissé place à son imagination qui était parfois bien trop farfelue. Tris savait qu'elle avait une famille ici, qu'elle devait la trouver. Mais comment allait-elle le faire ? Peut-être que Malo connaissait cette famille et qu'il allait pouvoir l'aider, mais comment ? Comment demander a un parfait inconnu s'il connaissait la famille Czyzewski.